Droit des contrats

Le devoir d’information dans les contrats

Auteur : GAUCHER-PIOLA Alexis
Publié le : 07/07/2020 07 juillet juil. 07 2020

Selon la loi, celle des parties qui connaît une information dont l'importance est déterminante pour le consentement de l'autre doit l'en informer dès lors que, légitimement, cette dernière ignore cette information ou fait confiance à son cocontractant.
Néanmoins, ce devoir d'information ne porte pas sur l'estimation de la valeur de la prestation.

Selon le code civil, les informations qui ont une importance déterminante sont celles qui ont un lien direct et nécessaire avec le contenu du contrat ou la qualité des parties.

Il incombe à celui qui prétend qu'une information lui était due de prouver que l'autre partie la lui devait, à charge pour cette autre partie de prouver qu'elle l'a fournie.

Dans la rédaction du contrat, les contractants ne peuvent ni limiter, ni exclure ce devoir d’information.

Outre la responsabilité de celui qui en était tenu, le manquement à ce devoir d'information peut entraîner l'annulation du contrat ; Prenons un exemple concret tiré d’une décision rendu en février 2020 par la Cour de Cassation, pour comprendre les contours de cette obligation importante. Par acte du 29 mars 2007, M. et Mme R.-B. ont vendu à M. et Mme L. un bien immobilier composé de plusieurs bâtiments se trouvant à moins de cent mètres de l'exploitation classée exploitée par M. et Mme R.-R. ; que, s'étant vu refuser un permis de construire pour aménager l'un des bâtiments en gîte rural, M. et Mme L. ont assigné leurs vendeurs en nullité de la vente pour défaut d’information quant à la présence de cette installation, sur le fondement du dol et subsidiairement sur celui de l'erreur 

Selon la Cour de Cassation, les acquéreurs ne démontraient pas que les vendeurs avaient dissimulé à M. et Mme L., dans l'intention de vicier leur consentement, le fait que la distance entre les bâtiments vendus et les installations classées de l'exploitation agricole de M. et Mme R.-R. pouvait interdire l'obtention d'un permis de construire et constaté que M. et Mme R.-B. s'étaient retirés en 1992 de l'exploitation agricole, transmise à leurs fils et belle-fille, qui avaient constitué l'EARL R. et obtenu pour celle-ci l'autorisation préfectorale du 3 juillet.

Ensuite, toujours dans cette même affaire, la Cour de Cassation a estimé que les acquéreurs n'avaient pas fait de l'obtention d'un permis de construire aux fins d'aménager les bâtiments en gîtes en vue de leur exploitation une condition formelle de l'acquisition, rien ne démontrant qu'ils avaient fait entrer une telle condition dans le champ du contrat conclu avec M. et Mme R.-B., que, si la présence de bâtiments agricoles n'induisait pas nécessairement l'application des règles spécifiques aux installations classées, elle devait attirer l'attention des acquéreurs sur la possibilité de restrictions au droit de construire alors qu'ils pouvaient prendre connaissance de l'arrêté préfectoral du 3 juillet 2003, qui avait été publié dans un journal d'annonces légales et leur était ainsi opposable. Le législateur et les Tribunaux ont donc entendu limiter le devoir d'information : celui-ci ne porte pas indifféremment sur toutes les circonstances relatives au contrat mais seulement sur celles qui sont décisives pour le cocontractant.
L’information doit donc porter sur le contenu du contrat, c’est-à-dire sur le bien immobilier, et non sur l’environnement, totalement étranger au contrat, si cet environnement n’a pas été posé en condition dans le contrat.

Par exemple, le vendeur a l’obligation de donner toutes informations à l’acheteur concernant les qualités intrinsèques de son bien (Bâtis, constructions, assurance décennale, vices cachés, nature des sols…etc…).

Pour des raisons de sécurité juridique, l’objet de l’information dans le cadre d’un contrat, ne réside que dans la chose vendue, et non dans son environnement.


Cet article n'engage que son auteur.
 

Historique

  • La rupture brutale des relations contractuelles
    Publié le : 31/08/2020 31 août août 08 2020
    Actualités du cabinet
    Entreprises / Marketing et ventes / Contrats commerciaux/ distribution
    Rupture relations contractuelles
    Selon le code de commerce, engage la responsabilité de son auteur et l'oblige à réparer le préjudice causé le fait, par tout producteur, commerçant, industriel ou personne immatriculée au répertoire des métiers de rompre brutalement, même partiellement, une relation commerciale établie, sans préa...
  • Le devoir d’information dans les contrats
    Publié le : 07/07/2020 07 juillet juil. 07 2020
    Actualités du cabinet
    Particuliers / Consommation / Contrats de vente / Prêts
    Entreprises / Marketing et ventes / Contrats commerciaux/ distribution
    Droit des contrats
    Selon la loi, celle des parties qui connaît une information dont l'importance est déterminante pour le consentement de l'autre doit l'en informer dès lors que, légitimement, cette dernière ignore cette information ou fait confiance à son cocontractant. Néanmoins, ce devoir d'information ne por...
  • Covid-19 : quels impacts sur les contrats commerciaux ?
    Publié le : 01/04/2020 01 avril avr. 04 2020
    Entreprises / Marketing et ventes / Contrats commerciaux/ distribution
    Coronavirus et impact contrats commerciaux
    La propagation du coronavirus « covid-19 » est à l’origine d’une crise sanitaire mondiale qui a conduit le gouvernement français à imposer un confinement général de la population. Nombreuses sont les interrogations des entreprises sur la continuation de leurs relations contractuelles et plus préc...
    Source : www.eurojuris.fr
  • Annulations de contrats entre professionnels, en droit français, incidence du coronavirus : Comment anticiper, gérer, négocier la relation organisateur/client - partenaire ?
    Publié le : 27/03/2020 27 mars mars 03 2020
    Entreprises / Marketing et ventes / Contrats commerciaux/ distribution
    Impacts coronavirus contrats commerciaux
    L’actualité est fournie en annulations de contrats du fait des interdictions de rassemblements et du confinement décidés par le Gouvernement. Confronté à ce genre de situation, comment réagir, trouver les solutions et également tirer des leçons de ces annulations pour prévoir l’avenir ? Quelque...
    Source : www.eurojuris.fr
  • Agent immobilier : la clause de rémunération imprécise est abusive
    Publié le : 24/03/2020 24 mars mars 03 2020
    Particuliers / Consommation / Contrats de vente / Prêts
    Entreprises / Marketing et ventes / Contrats commerciaux/ distribution
    Contrat
    La Cour de cassation estime que dans un contrat de mandat, la clause qui ne précise pas de façon claire et compréhensible, la commission due à l’agent immobilier est abusive, peu important que l’appréciation de ce caractère abusif ait porté sur l’adéquation de la rémunération au service offert....
    Source : www.eurojuris.fr
  • Professions libérales : la place de la confiance dans la rupture des relations commerciales
    Publié le : 18/11/2019 18 novembre nov. 11 2019
    Entreprises / Marketing et ventes / Contrats commerciaux/ distribution
    Rupture relation contractuelle
    L'article L 442 – 6 du Code de commerce définit un certain nombre de situations engageant la responsabilité d'acteurs économiques vis-à-vis de leurs cocontractants. En particulier, le 5° de ce texte, très connu des praticiens du droit commercial, sanctionne la rupture abusive des relations commer...
    Source : www.eurojuris.fr
<< < 1 2 3 4 5 6 7 ... > >>
Navigateur non pris en charge

Le navigateur Internet Explorer que vous utilisez actuellement ne permet pas d'afficher ce site web correctement.

Nous vous conseillons de télécharger et d'utiliser un navigateur plus récent et sûr tel que Google Chrome, Microsoft Edge, Mozilla Firefox, ou Safari (pour Mac) par exemple.
OK